Cette phrase vous rappelle sans doute quelque chose… C’était un soir sur une télévision française (France 2) dans l’émission “ce soir ou jamais” , qu’une Femme africaine a osé porter la voix des sans voix sans aucune démagogie face à des invités quelque peu heurté par la véracité de ses propos.
En cette journée dédiée aux femmes nous voulons rendre hommage à ces femmes qui ce sont démarquées dans leur combat pour une Afrique respectée, maître de son destin et responsable.
Cette écrivaine talentueusement courageuse est Fatou DIOME.
Beaucoup l’ont découvert à travers ce passage télévisé. Nous avons voulu nous pencher sur son parcours, ses valeurs et l’apport de cette femme africaine aux jeunes femmes du continent mais aussi plus généralement à l’Afrique.
Née sur l’île de Niodor au sud ouest du Sénégal et élevée par sa grand-mère, l’enfance de la jeune Fatou est marquée par la brulante volonté d’étudier. Cette volonté l’a mené sur les bancs de l’école sans le consentement de son ailleul. Elle doit l’acceptation de sa grand-mère à la laisser continuer l’école à son instituteur qui parviendra à heurter le socle des traditions en convainquant cette dernière. Passionnée de littérature française, elle quitte son village natal à 13 ans pour poursuivre ses études dans d’autres villes du Sénégal. Au cours de ses études universitaires à Dakar, elle tombe amoureuse d’un français.
Poussée par sa passion amoureuse elle se marie et décide de rejoindre son époux en France. Elle n’avait alors que 22 ans. Rejetée par sa belle famille elle divorce et se retrouve abandonné à elle même dans sa condition d’immigré. Etudiante à l’université de Strasbourg elle y termine son doctorat de lettres modernes sur le voyage, les échanges et la formation dans l’œuvre littéraire et cinématographique de SEMBE Ousmane.
Elle se consacre également à l’écriture. Elle a publié La Préférence nationale, un recueil de nouvelles en 2001. Le Ventre de l’Atlantique est son premier roman, paru en 2003, Son second roman, Kétala, paraît en 2006. Depuis, Fatou Diome a publié « Inassouvies, nos vies”, et en 2010, « Le vieil homme sur la barque » un récit avec de très belles illustrations de Titouan Lamaz. Son dernier roman, « celles qui attendent » est parut le 12 avril 2013.
Si certains romans tels que « le ventre de l’atlantique » ou encore « impossible de grandir » ont de forte consonance autobiographique, La liberté, la dignité, la détermination, l’immigration, le quotidien des femmes africaines sont des thèmes qui inspirent énormément cette amoureuse de l’Afrique dont les romans peuvent souvent être perçus comme des témoignages.
Fatou Diome est incontestablement parmi les ambassadrices de l’Afrique qui par leurs mots, leurs plumes, leurs colères et leurs réflexions redonne de la dignité à cette image encore ternie de l’Afrique. Ecrivaine mais également conférencière, Fatou Diome sillonne le monde pour plaider entre autre pour une coopération dans l ‘égalité entre l’Europe et l’Afrique.
Dans un Monde où l’Afrique n’est pas maîtresse de ses richesses, où l’Europe tire les ficelles, fixe les règles, elle ne brandit pas le drapeau d’une Afrique victime de son destin.
Bien au contraire, Fatou n’hésite pas à étaler les clichés aussi bien européens qu’africains pour interpeller les deux continents sur leurs responsabilités. Elle prêche pour un monde ou les nouvelles générations d’Africains n’auront pas peur de sortir de ce complexe d’infériorité post colonisation en osant dire aux nouvelles générations européennes, elles aussi frappées par ce complexes de supériorité qu’ils ne sont pas « devant un maître ou un ancien maître mais devant les descendants d’un ancien maître qui a rectifiés ses lois pour revendiquer la déclaration universelle des droits de l’homme ». Si L’éducation est une des bases fondamentales qui permettra à l’Afrique de retrouver ses lettres de noblesse, éveiller les consciences est également une forme d’éducation. Le savoir ne prend son sens que lorsqu’il est transmit. C’est la voie qu’a choisi Fatou Diome.
Africainement votre
Ka Liny Guerez.
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