Qu’ils viennent de l’Ouest, de l’Est, du Centre ou du Sud africain, il y a multitude de traditions que les Africains ont tous en commun.
Ce qui peut paraître surprenant sur un continent qui abritent des dizaines de milliers de groupes ethniques. Pourtant, il existe des dénominateurs communs qui transcendent les frontières, les langues, les religions et les cultures, au point que très souvent, les Africains eux-mêmes ont tendance à parler de « la culture africaine » plutôt que des « cultures africaines ». Et ils se réfèrent communément à l’Afrique comme à une Patrie et non à un continent. Il faut dire que cette construction identitaire renvoie à une certaine réalité dans les faits. Nous partageons des traditions majeures, principalement les rites de passage, ceux qui marquent les grandes étapes de la vie, et les sociabilités, celles qui créent entre nous du lien au quotidien. Parmi ces traditions, en voilà 4 qui sont parmi les plus représentatives de nos valeurs, mais aussi de notre identité africaine.
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Le partage de la nourriture
Qui a grandit en Afrique se souvient certainement de cette grande marmite dans laquelle enfants, nous devions tous, frères, soeurs, cousins, copains du quartier, plonger nos cuillères ou nos mains pour attraper une becquée de riz, une boule de fufu ou un peu de sauce. Comme la plupart des bambins africains, nous avons mangé dans la même assiette que ceux de notre tranche d’âge. Nos parents nous faisaient partager la même nourriture, pas parce qu’ils manquaient d’assiettes, mais parce que c’était leur manière à la fois de resserrer nos liens familiaux, entre frères et cousins, mais aussi de nous apprendre la solidarité et le partage. Manger ensemble est donc une habitude qui nous vient de notre enfance, et c’est un art de vivre que nous gardons adultes. Nous mangeons aisément dans la même assiette, trempons avec plaisir notre fufu dans la même sauce. La nourriture est la première chose qu’on partage avec les autres en Afrique, familiers ou étrangers, et elle tient une place centrale dans notre socialisation, nos échanges relationnels et culturels.
2. Le stage
En Afrique lorsqu’une jeune femme se marie, sa belle-famille ( et plus précisément sa belle-mère), exige-d’elle un certain nombre de « pré-requis » prouvant qu’elle saura s’occuper « comme il faut » de son homme et de sa maison. D’où l’épreuve du « stage ». Dans certaines cultures africaines, les futures mariées doivent passer de quelques jours à quelques semaines dans leur belle-famille avant le mariage. Une période qu’elles passent essentiellement en compagnie de leurs belles-mères, belles-soeurs et tantes de leur futur époux. Mais ce stage n’a pas uniquement pour but de permettre à la belle-famille de jauger le caractère ou d’apprécier les habilités domestiques de sa future femme.
En réalité, la première fonction de ce stage est la « transmission », il permet à la belle-mère d’enseigner un certain nombre de choses à sa belle-fille et de la préparer au mieux à sa future vie de couple. Le stage aide la belle-fille à mieux connaître sa belle-famille, et par extension à mieux connaître et comprendre son futur époux. Cuisine, propreté, intendance et…. sexualité, Belle-maman peux alors partager avec sa belle-fille toutes les ficelles du « métier » d’épouse. Dans le cas où la fiancée et son futur époux ne sont pas du même groupe ethnique , c’est le meilleur moyen de lui expliquer sa nouvelle culture et de l’intégrer. Le stage a également pour vertu de désamorcer les tensions dans les relations belle-mère et belle-fille, qui sont généralement compliquées. En apprenant à se connaître avant le mariage, en partageant secrets de cuisine et d’alcôve, les deux femmes nouent une relation qui leur est propre. Ce qui se révèle utile dans la gestion par la belle famille des futurs conflits dans le couple, mais aident surtout à renforcer les liens entre la future mariée et sa belle-famille.
3. La Dot
La Dot qui scelle les unions, est probablement la tradition à la laquelle tous les Africains sont viscéralement et indéfectiblement attachée. Elle est « THE » rite de passage qui nous permet de prendre à témoin notre communauté et obtenir son approbation voir sa bénédiction. Elle est une étape qui en réunissant autour de nous la famille, proche ou lointaine, qui en faisant appel à la validation des anciens et de la tradition, nous rappelle le mieux nos racines. En effet, elle crée une loyauté verticale entre Dieu, les ancêtres et les mariés, et une loyauté horizontale entre les familles des deux époux et l’autorité publique, car en Afrique la Dot est inscrite dans la Loi. La valeur traditionnelle de la Dot ne se situe pas dans son coût, mais dans son symbole.
La Dot ne mesure pas la valeur pécuniaire d’une femme, qui par essence n’a pas de prix, mais scelle l’alliance des familles. C’est un élément important de la conception africaine du lien matrimonial : le mariage n’est pas simplement l’union de deux individus, mais la réunion de deux familles, qui concourent au bonheur des mariés. La Dot contribue par ce biais à renforcer le lien communautaire entre les individus. La dot est aussi l’expression de la gratitude du futur époux envers ses beaux-parents pour avoir bien éduqué sa future femme, et c’est un argument de poids dans l’imaginaire collectif africain. En prenant une femme par le versement de la Dot, l’homme prouve sa maturité et son sens des responsabilité, d’abord à sa propre famille et ensuite à sa belle-famille. La Dot est un rite de passage pour l’homme et lui permet d’occuper pleinement sa place et son statut de Chef de famille et de protecteur. C’est aussi pour la femme une sorte de garantie, car elle mesure ainsi l’amour et l’attachement de son futur époux, et le piédestal sur lequel ce dernier la place.
4. La présentation du Nouveau-né
La cérémonie de baptême ou de présentation d’un Nouveau-né est le premier et l’un des plus importants rites de passage dans sa vie. Dans la société africaine traditionnelle, la cérémonie de baptême annonce la naissance d’un nouveau-né, introduit l’enfant dans sa famille élargie et dans la communauté plus large, et surtout, c’est au cours de cette cérémonie qu’on lui donne officiellement un nom. On considère chez nous que le nom donné à un bébé peut avoir une influence durable sur sa personnalité et son éducation. C’est pourquoi il a toujours une signification et qu’il est toujours soigneusement choisi. Le nouveau-né est généralement nommé en hommage à un parent (mort ou vivant), ou suivant les circonstances entourant sa naissance.
Ce baptême traditionnel africain existe sous différents noms suivant les pays et se produit toujours avant le premier anniversaire de l’enfant. La cérémonie est l’occasion d’une célébration ou d’une fête à laquelle est conviée toute la communauté, de la famille aux voisins du quartier.
Le peuple Akan du Ghana nomme un Nouveau-né le huitième jour après sa naissance. Les Akan choisissent ce délai pour confirmer que l’enfant est venu et ne retournera pas dans le monde des ancêtres. Chez les Akamba, en Tanzanie, un enfant est nommé le troisième jour suivant sa naissance. Avant la cérémonie de baptême, le nouveau-né est considéré comme un esprit et non comme un être humain complet. Une chèvre est abattue pour remercier les ancêtres et leur demander protection pour l’enfant. Le nom du Nouveau-né est annoncé par sa grand-mère. Chez les Hutu du Rwanda on donne un nom à un Nouveau-né le septième jour après sa naissance. Dans les jours précédant la cérémonie de baptême, la mère et l’enfant sont isolés dans leur maison et ne sont pas censés en sortir. Chez les Yoruba du sud-ouest du Nigéria, un enfant est nommé huit jours après sa naissance. Son nom est généralement choisi par les anciens, bien que les membres de la communauté puissent également payer un jeton pour choisir un nom pour l’enfant. La cérémonie est souvent présidée par le grand-parent de l’enfant. Les prières sont offertes aux ancêtres en utilisant des objets traditionnels comme le sel, l’eau, l’huile de palme, le miel, la noix de cola et le poisson séché.
La présentation de l’enfant est un moment important pour ses parents, car ils lui donnent officiellement une identité et veulent attirer sur lui la protection de sa communauté et de ses ancêtres. Comme pour la plupart de nos traditions africaines, elle sert à célébrer nos cultures et à ressouder nos liens communautaires.
T.M.K
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